dimanche 13 février 2022

Rasés, beaux et propres pour l’arrivée 😉🤩



 

Dernière nuit …. enfin presque 🌘🌌


Ça commence à sentir l'écurie et le ti punch pour Coeur de Chauffe et son équipage.
Encore 223 miles à 3h21 TU pour une arrivée prévue au milieu de la nuit de dimanche à lundi vers 8h TU soit 4 h du matin localement... 

Il reste 24h de navigation en mode course détendu mais on commence à se projeter vers le moment spécial de l'arrivée à bon port.
Et c'est pas une heure intelligente du tout. 
Dire qu'on n'a pas bien géré le timing est un euphémisme. 
Et comme c'est une vraie course encore, on ne va pas se mettre en mode la croisière s'amuse pour arriver au port à l'apéro. 

On n'en voudra à personne d'arriver sur un ponton désert à une heure ou le ti punch à cédé le terrain à la gueule de bois pour les plus fêtards et au café noir pour les plus courageux.

C'est un peu tôt aussi pour une entrecôte frites, on attendra midi. 
Donc ce sera peut être douche du siècle et au paddock dans un vrai lit douillet qui sent bon et qui ne bouge plus. 

Edwin le fils de Loïc sera là, en mode envoyé spécial puis "je m'occupe de tout même si je suis mort de fatigue", trop cool.

Et puis on verra bien, surtout profiter de chaque instant de cette aventure humaine qui continuera à terre avec les proches et les compagnons de navigation. 

Ces moments là sont parmi les meilleurs souvenirs d'une vie. 
Et quand l'amitié et le compagnonnage prend le relais à terre, c'est d'autres liens exceptionnellement forts qui se créent pour des années.
Surtout, lorsqu'on a la chance extraordinaire d'appartenir un groupe d'amis passionnés si attachants de La Rochelle, on est serein sur la qualité des moments festifs et de partage à venir. 
En mode improvisation totale, tout est possible tout est réalisable avec cette bande bargeots sympathiques. 

Sacré réussite que la constitution de ce groupe de fondus de course au large très pointus  et reconnus qui pratiquent leur sport sérieusement sans se prendre au sérieux. 
Ils ont créé un vrai trésor d'expertise et de partage d'expérience pour amateurs éclairés ou  nouvelles vocations motivés par un projet de navigation ambitieux. 
Le groupe est exigeant mais tellement généreux quand il faut aider et accompagner de nouveaux venus qui se donnent les moyens. 
Bravo et merci aux initiateurs et à ceux qui ont porté une belle démarche totalement libre ouverte et autonome basée sur des passionnés qui vivent bien ensemble. 

Pour le reste, bonne journée de navigation par 20 noeuds sous spi renvoyé au lever du jour après une nuit prudente mais sans grain. 
Deux petits grains bien négociés dans la journée qui nous ont donné l'occasion de travailler nos affalages.
Belle mer, beau ciel, vent régulier, typiques des alizés, qu'on aurait du connaître depuis 10 jours dans une situation météo classique. 
La route vers le Marin est directe sans stratégie particulière, juste bien faire marcher le bateau et surveiller un éventuel changement de direction du vent pour optimiser le dernier empannage. 

Temperature de l'air: 26 °C
Temperature de l'eau : 22°C
Distance au Marin: 210 miles
Latitude: entre Antigua et la Guadeloupe

Loïc et Henri pour Coeur de Chauffe

samedi 12 février 2022

Rapport à la commission📝📝

Dans l'openspace intergalactique Bluesky, un esprit installé sur l'Astéroïde de visoconference télépathique blueocean, pas loin de la machine à café.

- Salut Edgar, en télétravail dans ta galaxie aujourd'hui ? Tu me reçois ?
- 5/5 Edmond, c'est beau la techno quand ça marche
- oui, ça arrive... Dis Edgard, on a un rapport à rendre bientôt à la commission d'évaluation de la folie sur terre, on a pas mal d'éléments intéressants sur notre zone Atlantique nord, non ?
- Ah oui, des trucs de fous c'est sûr, avec ce qu'on a observé sur les lascars de la transcarabistouille et particulièrement sur le groupe d'entraînement de la Rochelle, on a du lourd pour la commission et le big boss
- et ça va intéresser Georges, le président de la commission, c'est un ancien du bureau des prières de la zone Atlantique et il connaît bien le sujet, il a eu affaire à certains d'entre eux il y a 10 ans.
- exact, bien vu, on aura son soutien face à l'incrédulité des autres membres...
- ouais, vu le message à passer, c'est pas du luxe.
- On commence par quoi ?
- Commençons par les excités de la Rochelle ça va ouvrir la voie pour le reste
- OK j'y vais, voici la synthèse que j'ai préparée :
Objet social de ce groupe : s'amuser sur l'eau avec des engins de glisse propulsés par du vent et qui coûtent un pognon de dingue, et s'amuser aussi sur terre avant et après s'être amusé sur l'eau. 
Mode d'action: chercher toutes les conneries possibles inimaginables à faire sur l'eau, accessoirement en accumulant les emmerdes, et se les raconter ensuite autour d'une bière ou d'un gueuleton 
Structure : 
Un bureau des sages (sic), soit disant les moins barjeots de la bande, et 2 coachs maîtres es-résolution des emmerdes sur l'eau:
- Marco, le druide nautique breton Finistère noorrrd qui détient les recettes de la potion magique du bonheur sur l'eau, à l'origine du groupe
- Cédric, son élève talentueux qui veut que tout le monde barre tout le temps mais bien barré lui aussi; il connaît les recettes du druide et vient sur les bateaux créer des emmerdes pour faire monter le niveau de bonheur. Une seule limite: ne dépasse pas 5 sur l'échelle de Loeiz en sortie nocturne. 

Sans lister toute la bande qui comprend une quarantaine de membres, ci-dessous les cas les plus significatifs pour illustrer la folie de ce groupe dont les plus bargeots sont les solos. 
- Gérard, chef informel du comité des soi-disant sages, moustachu presque patibulaire qui a eu le toupet d'emprunter le nom de notre openspace pour nommer son bateau bluesky. 
Pour sortir de la routine des transat, nos observations montrent qu'il envisage une diversification dans les documentaires sous-marins spécialisés sur les poissons volants grâce au réseau de caméra high tech installées sur et sous son bateau, il se rêve en successeur de Cousteau mais juste sur les poissons volants. 
- Jérôme son acolyte sur Bluesky se prend pour John Travolta à la fièvre du samedi soir chaque nuit sur bluesky lorsque Gérard dort profondément. Le problème c'est que les caméras pour les poissons volants l'ont pris en flagrant délit, ce qui crée une tension dans l'équipage qui devrait s'arranger avec quelques ti-punch
- Alex, solo, le plus fêlé de la bande voit la mer en rose et celle-ci lui rend bien, il détient paraît-il une grande partie des secrets du druide dont c'est le chouchou
- Stéphane, solo, dit le sanglier des Ardennes, aussi fêlé qu'Alex mais dans le mode sanglier. Adore les emmerdes où il faut monter au mat pour faire le singe, pas facile pour un sanglier mais rien ne l'arrête.
- Paolo, solo, le premier de la classe de loin et peut-être le moins fou de tous bien qu'il se soit lancé en solo, on est rassuré pour ses patients car il est chirurgien. Le plus sage certainement du comité des soit disant sages de ce groupe de fêlés. Son bateau s'appelle Ciao Ciao d'ailleurs il s'est fait la malle sur cette transat.
- Fred, solo, vendéen joufflu doué pour les conneries sur un bateau mais gros moral et toujours souriant, d'ailleurs son bateau s'appelle Be happy, à réussi par sa folie douce à terroriser nos orques du Portugal, pour le punir on lui a pété son vérin de pilote, c'est vrai on aurait pas du, pardon chef. 
- Fifi, solo, vendéen comme Fred mais au contraire pas du tout joufflu, il en avait marre de vendre des jouets donc il en a acheté un gros qui coûte ... de dingue et il l'a appelé Jokari pour s'amuser. Acheiab (infernal) quand ils sont tous les deux avec Fred, à surveiller, toutes les bêtises sont alors possibles. 
- Olivier, solo improvisé, le pognon de dingue que coûtent ces engins, c'est lui qui le ramasse, mais personne lui en veut parce qu'il est aussi barré que tout le monde.
- Jeff, l'immigré breton en Charente maritime, le profil typique du gars d'expérience qui a connu tous les galères sur l'eau et qui en redemmande à chaque fois, jusqu'où s'arrêtera-t-il ? 
- Yann, solo, cherche moins les emmerdes que les autres mais progresse vite l'air de rien, et lâcher le vin pour l'eau de mer confirme qu'il a un grain.
- Philippe, solo, accomplit son rêve de devenir navigateur solitaire sur le tard, champion du monde toutes catégories pour se foutre dans le pétrin, no limit et même pas peur mais des fois c'est les copains qui ont peur pour lui. N'empêche, sa folie l'a tellement fait progresser qu'il commence à respirer le bonheur sur l'eau. 
- Éric, Ose tout, c'est d'ailleurs le nom du bateau, il a recruté son coéquipier Tangi pour casser la barraque mais ils ont plutôt tendance à péter le bateau, gros potentiel aussi pour faire les cons sur l'eau. Se méfier de Tangui à terre, 9 sur l'échelle de Loeiz parait-il
- les 2 petits nouveaux et plus jeunes avec Loeiz, Jean et Bastien sont arrivés 9 mois avant le départ, leur bateau s'appelle JIB, cherchez la signification du I, j'ai trouvé ivrogne mais ça colle pas, d'ailleurs Bastien cale à 6 sur l'échelle de Loeiz, selon nos informations. Ils sont fans du geek Henri car accroc a SailGribouille qui les fait se lever la nuit pour faire des routages quand maman dort, pas nets donc. 
- Loeiz, quarantenaire fondu arrivé il y a 2 ans et qui s'est vite acclimaté à l'ambiance de folie en place. D'ailleurs il appelle son bateau Tracass, signe qu'il est bien venu chercher des ennuis... Breton Finistère sud émigré en Belgique où il bosse, ce gros malade fait la route une fois par mois de Bruxelles à la Rochelle avec la tireuse et les fûts de bière dans le fourgon Mercedes pour alimenter le ponton en retour d'entraînement. 
Gros client pour les sorties à terre, d'où l'échelle de mesure qui porte son nom, et qui se compte en pinthes de bière ou en ti- punch au choix suivant l'endroit. 
- Enfin, Henri dit pépère personne ne sait pourquoi sauf Loïc peut être, son compère qu'il a rembauché après leur première transat en 2012, dit touriste et on sait pourquoi, il se pointe les mains dans les poches une fois qu'henri à tout préparé, une fois de Rio, l'autre fois de Casablanca. Le bateau d'Henri s'appelle Cœur de Chauffe, reference aux nectar en sortie d'alambique, et pour la course il l'a appelé SailGribouille qui est une appli qu'il a créé pour prévoir le temps et la route des marins, quelle prétention...et pourquoi pas la trajectoire des météorites pendant que j'y suis ! Mais ça doit marcher car il a de plus en plus de fans sur les pontons. Et Loïc écrit des trucs pas nets en navigation au lieu de barrer alors que coach Cedric voudrait qu'il barre parce qu'il barre bien à dit coach Cedric. Et devant pépère alors touriste était tout content. Brave le garçon. Pour voir on l'a testé dans 2 grains de folie et il s'en est tiré mais depuis il a l'air plus piqué que jamais... 
- OK Edmond, effectivement échantillonnage impressionnant, ça respire la folie douce de très grande ampleur mais sur ce qu'on peut voir ils ont vraiment l'air de s'éclater sans que ça crée trop de problème à l'univers non ? 
- Effectivement, juste une alerte lancée pour leur arrivée sur la Martinique, ça va être chaud avec ces lascars après 15 jours de mer, le ti punch va couler à flot et je crains que ça parte en vrille. J'ai prévenu la préfecture avant leur départ, du coup ils ont déclenché un couvre feu préventif sous couvert de crise sanitaire, on espère que ça va les calmer. 
- OK surtout pas de zèle, on n'est plus là pour les emmerder, d'ailleurs ils le font très bien sans nous.
-ça marche, affaire à suivre.

La course continue ⛵🌬️🌊 🏄🏻‍♂️

Journée très compliquée hier dans les têtes.

La perte de notre super mobylette et les dégâts collatéraux sur le safran tribord nous a évidemment coupé dans notre bel élan et gros rythme très prometteur.
Le coup est rude et la déception est à la hauteur de la dynamique en place à ce moment là.
Petite fortune de mer car rien de grave et la course peut continuer.
La mer ne pardonne pas les erreurs, petites ou grandes, et la compétition en est juste un révélateur.
On s'en veut de n'avoir pas été à la hauteur alors que tout nous souriait.
Notre petite mobylette nous manque.
La découper au couteau pour pouvoir repartir a été un crève cœur.
Incroyable la façon dont on s'attache aux objets en fonction des émotions qu'ils nous ont procurées.
Cet événement permet de recaler les gyro, de faire appel à l'humilité et se reconcentrer sur les gestes de bases.
Très important et essentiel: l'équipage est resté soudé et l'erreur est assumée collectivement.
Chacun prend sa part, pas de reproche juste se parler pour avancer.

Accepter le verdict et passer à autre chose.

Le challenge le plus compliqué de la journée a été de gérer la frustration et trouver le moyen de repartir en course.

Renvoyer un spi par exemple.
Pas de problème avec la garde robe qui est bien fournie et a été bien préservée jusque là.
Choisir le moment.
Problème.
La journée d'hier a été un défilé ininterrompu de grains à 35 noeuds voir plus.
Euh... Comment vous dire...On y va, on n'y va pas?
Un coup oui, un coup non, et si ceci, si cela...
A un moment, il faut bien se lancer.
Une éclaircie, rien en vue ?
C'est parti !
On a choisi un vieux spi lourd refilé par Michel, un vieux copain qui l'avait ressorti de son garage pour le proposer à Henri.
Il a déjà fait la guerre avec Beroki, le bateau de vieux potes devenus célèbres dans notre blog lors de la Transat précédente de 2012.
Il a des cicatrices partout, des coutures sur le visage, c'est un survivant.
Michel et Arnaud étaient des fous furieux sur Beroki, leur garde robe à pris cher.
Allez voir les épisodes de la saison 1, vous allez bien vous marrer.

L'envoi par 20 noeuds se passe à merveille.
Ça y est, à nouveau en course.
A nouveau des sourires.
On file à 8/9 noeuds, 10/11 dans les surfs.
Pas de problème au safran tribord même s'il couine dur, on a mal pour lui.
Henri va se reposer, Loïc prend la barre avec Nick comme copilote.
Au loin des nuages se rapprochent.
Passent à côté où pas ?
Plutôt derrière et il a l'air sympa celui-là.
- Henri ? Vient voir ce que tu penses du nuage ?
- Humm... Ça devrait le faire, il a l'air cool...
Effectivement il passe à côté.
Mais non il est pas cool.
Pas cool du tout.
Du tout du tout.
Rapidement on passe à 30 nœuds.
Loïc déjà à la barre, Henri ressorti de sa bannette, au hâle-bas.
35 noeuds.
C'est reparti pour un tour de manège.
La houle se creuse et nous offre de magnifiques toboggans de descente dans lesquels Cœur de chauffe s'engouffre avec gourmandise.
Pourvu qu'il ne plante pas son nez comme hier...
38 noeuds.
Tout schuss, le speedo s'affole, 15, 16, 17... Après, je ne vois plus, trop concentré sur la conduite du bolide lancé à brides abattues...
Une descente vertigineuse se présente sous l'étrave de Cœur de Chauffe qui se lance dans le vide et nous avec... On sert les fesses et moi la barre aussi.
Sensation de glisse incroyable.
Cœur de Chauffe vole.
Et passe !
Aucun problème, équilibre parfait.
Ça dure 20 minutes avant que le vent repasse durablement sous les 30, noeuds.
On se regarde avec Henri, sourires jaunes en coin, pas fiers...
On se dit juste: bon sang, si on la raconte celle là, ils vont nous prendre pour de grands malades...
Bon, j'ai décidé seul de la raconter, j'espère que Henri ne m'en voudra pas...
Jamais simple de savoir jusqu'où on peut aller sans affoler ses proches.
En même temps, la prudence n'a jamais évité le danger...
Verdict des enregistrements de Sailgrib: Flashé à 21.8 noeuds, record Cœur de Chauffe pulvérisé, peut être celui du SunFast 3200 car jamais rien entendu de tel chiffre sur ce bateau...
Dommage, on n'a pas filmé...

Après ça, décision pour la nuit : grains, pas grains, qu'importe, on affale le spi et on tangonne le solent pour laisser refroidir la machine...

Effectivement, nuit sans grains certes mais 25/30 nœuds constants.
Cœur de Chauffe navigue à 8 noeuds, surf à 11.
Demain sera un autre jour.
Et dernière nuit en course.

Température de l'air: 25°C
Température de l'eau: 23°C
Distance au Marin: 413 miles
Latitude de la République Dominicaine

Loïc pour Henri et Cœur de Chauffe

vendredi 11 février 2022

On a cassé la mobilette 🥺

Gros grain en fin de nuit, on le voit arriver, on se prépare à afaler. On pense qu'il est passé à côté. Erreur, le traître revient 10 minutes plus tard sans prévenir avec une rafale à 36 nœuds. 
Affalage raté, spi déchiré puis achevé au couteau. Un morceau est coincé dans le safran tribord, on ne sait pas comment, mais cela ne gêne pas trop pour barrer. 
Après avoir attendu le lever du jour, nous sommes repartis en mode prudent et dégradé, sans spi, avec le foc tangoné.

Henri sur Cœur de Chauffe

Un grain …. de folie 🌊🌧


La situation s'est donc clarifiée, les options tactiques ont rendu leur verdict avec le dernier bord ouest de recentrage plus ou moins important suivant le point de départ.
Effet entonnoir garanti, quasi tout le monde se retrouve sur un couloir de navigation sud-ouest qui mène au sud de la Martinique.

Zoom entonnoir

Très bonne opération pour Coeur de Chauffe qui gagne 3 places dans la manœuvre grâce à un timing d'empannage idéal conjugué à une bascule du vent dans le bon sens.
Et aussi une nouvelle très bonne nuit déjà évoquée agrémentée d'une pointe à plus de 30 nœuds pendant une demi heure et à nouveau bien négociée grâce à notre maintenant bien connu spi "mobylette".

Ça devient routinier notre affaire, le public va finir par se lasser.

Pas d'inquiétude, ça vient.

Justement cet après-midi nous évoquions avec Henri le fait de n'avoir pas encore cette fois ci croisé de grain significatif à négocier. 
A la différence de notre première expérience qui nous avait marquée sur ce plan, notamment une longue journée de folie où nous étions senti dans la position d'une boule de flipper propulsée sans fin d'un grain à l'autre.
Ces derniers jours nous avions révisé les cours de maître Bernot, Monsieur météo course au large de référence qui coache le groupe d'entraînement de La Rochelle sur le sujet.
Identifier la forme du nuage, en enclume ou aplati, la proximité de sa base avec la surface de l'eau, pour en connaître les effets sur les modifications du vent en force et en direction, à quel endroit... 
Fin d'après-midi, nous distinguons une masse nuageuse qui ressemble à un gros grain se dirigeant vers nous. 
Toujours difficile d'évaluer la trajectoire relative car orientée à 20 degrés par l'arrière et deux fois plus rapide. 
Nous estimons qu'il devrait frôler notre arrière et nous préparons à profiter de ses accélérations de brise en prenant un ris pour réduire la grand voile, confiants... 
C'est donc reparti pour les accélérations habituelles, jusqu'à 30 nœuds, le bateau part en surf en dégringolant au milieu des gerbes d'écume les toboggans formés par la houle.
Génial, super sensations, le bateau est équilibré, Loïc à la barre prend un plaisir fou à maintenir la trajectoire de Cœur de Chauffe sur ses rails pour éviter le départ au lof (le bateau décrit une courbe qui le ramène en travers du vent) nommé aussi départ au tas, qui coucherait le bateau sur le flanc en travers du vent, gité à 45% voire plus. 
Mais cette fois ci on ne s'arrête pas à 30 nœuds en continu, mais 32, 34 et le coup de grâce à 36 nœuds. 
Le départ au tas est imparable et le bateau se couche à 70%, reste de longue secondes interminables, le spi claque au vent, secoue le gréement, bout de bôme dans l'eau. 
Loïc s'arqueboute sur la barre pour remettre le bateau sur ses rails, rien n'y fait.
Après plusieurs tentatives et Henri ayant réussi à larguer tout ce qui pouvait l'être, Cœur de Chauffe parvient à se relever et reprendre sa trajectoire vent arrière. 
C'est reparti pour une séquence totale de 40 minutes non stop à 12 noeuds de moyenne, pointes à 15 dont un nouveau départ au tas provoqué par l'enfournement de l'avant du bateau qui génère un presque demi tour frein à main sans conséquence... 
La pluie se met à tomber, pas le vent qui continue d'emmener Cœur de Chauffe à un train d'enfer, Henri en profite pour se faire une toilette dans le cockpit de Cœur de Chauffe lancé à vive allure. 
Enfin, la couverture sombre du nuage finit par s'éclaircir et se fissurer, la sortie du grain se profile... 
Le vent baisse franchement à la sortie du grain et change de direction, un calme étrange s'installe, la tension retombe, les muscles se relâchent. 
La griserie créée par la chevauchée fantastique s'évacue petit à petit et chacun reprend ses esprits, l'exaltation et l'adrénaline laissant place au sentiment de s'en être bien tiré sans frais... puis viennent les interrogations sur les limites à poser à la prochaine occasion...

Illustration force du vent pendant le grain


Après deux  empannage et 30 minutes pour sortir de la zone calme de la traîne du grain, Coeur de Chauffe reprend sa trajectoire et se prépare à une nouvelle nuit, pas de grain en vue... 

Un peu de géographie: nous étions jeudi à la hauteur de Cuba et arriverons vendredi à celle de Haïti et des îles vierge, puis l'arc antillais, Saint-Martin, Saint-Barthélemy. Barbuda, Antigua, Saint Kits et Nevis, La Guadeloupe, La Dominique et enfin la Martinique, au sud le Marin, prévu dimanche en début de nuit. 

Plus que 2 nuits en mer avant le ti punch. 🍹

Température de l'air: 25°C
Température de l'eau: 21°C
Distance au Marin: 609 miles

Loïc et Henri pour Coeur de Chauffe 

jeudi 10 février 2022

Strasky et Hutch 🎞

Dans l'espace intersidéral infini, conversation céleste autour de la machine à café de l'openspace inter-galactique nommé Bluesky, sans lien bien sûr avec le nom d'un maintenant célèbre bateau louche conduit par un skipper moustachu presque patibulaire qui fait des documentaires aquatiques sur les poissons volants en Atlantique.

- Mon cher Edmond, quel plaisir de te revoir au bureau ! Leur télétravail c'est bien au début pour avoir le temps de s'occuper de ses étoiles mais rien ne vaut de revoir les collègues pour discuter de vive voix  et en face à face enfin... avec les ondes classiques quoi... la télépathie à force ça me fatigue, c'est un peu vieux jeu je sais mais je préfère toujours les photons et les décibels.
- bien d'accord avec toi très cher Edgard, en plus dans ma galaxie ça part en sucette alors ça me change les idées de refrequenter notre bon vieil openspace et de vrais collègues en chairs et en... Oui enfin tu  vois ce que je veux dire...
- Alors qu'est-ce qu'on a sur le gaz aujourd'hui du côté de l'Atlantique de cette bonne vieille terre chère au grand patron ?
- Une valeur sûre toujours, avec nos imbéciles heureux de la transcrapette, on a un gros foyer de bêtise heureuse pour alimenter les travaux de la commission du big boss.
- Effectivement, et en plus ils recrutent des jeunes maintenant dans le groupe des hystériques de la Rochelle, j'en ai repéré deux qui ressemblent un peu à Starsky et Hutch avec Starsky qui serait aussi grand que Hutch et moins frisé aussi.

A quelques milliards de miles de la machine à café du Bluesky openspace sur JIB...
- Waouh, Jean ! C'est cool cette transat mais bon sang qu'est ce qu'on se fait chier quand on a plus d'emmerde à régler !
- Ouais Bastien, là t'as mis le doigt sur un point sensible mon pote... J'ai halluciné quand on a debarqué dans ce groupe d'entraînement de la Rochelle... Au premier abord, ça ressemble un peu à l'anti-chambre du 3eme âge ce groupe de viocs... mais bon sang, au final, c'est pas vraiment le club des sans-soucis de mon village, waouh ! Quelle imagination pour se créer des emmerdes et en y claquant un pognon de dingue dans la joie et la bonne humeur !
- Et en plus ya des sacrés geeks dans ce putain de groupe, ça envoie lourd côté tek, t'as vu SailGrib bon sang, il envoie du code pépère, son appli c'est une sacré came de ouf, je suis complètement accro, la nuit je me lève pour aller faire des routages en cachette pendant que maman dort.
- là je te suis 5 sur 5, impressionnant, et en plus il a un côté Huggy les bons tuyaux sympa très cool notre voisin de ponton
- par contre y en a d'autres, un peu chelous non ? Ose je trouve qu'ils se la pètent un peu, il faut qu'on les nique sur cette course !
- ben oui mais c'est le slogan pour leur sponsor ça, ils disent qu'ils vont tout péter, le problème ça sera d'éviter de tout péter sur leur bateau, et ça à mon avis c'est pas gagné...
- mais ils sont sympa, moi j'aime bien Tangui en escale au port, je crois qu'on a des points communs lui et moi...
- oui Bastien j'ai vu a Madère
- euh, on reste discret hein, promis ?
- promis mais je maîtrise pas les autres, fais gaffe à touriste, le pote de pépère, il consigne tout dans un blog, il paraît que ça balance du lourd...
- ah oui c'est vrai ça, ya des rumeurs sur Bluesky, il paraitrait que Gérard monte des vidéos avec Jérôme qui fait Travolta dans la fête du samedi soir sur le pont de Bluesky la nuit avec des flashlight ambiance boîte de nuit, tu vois, genre le New York a Madère.
- oui je vois, restons discret la dessus si tu veux bien... En même temps ils avancent bien, si en plus c'est Saturday night fever toutes les nuits sur Bluesky, ça les regarde...
- Ouais, en attendant, on commence à se faire chier sur cette fin de transat, je crois qu'ils m'ont piqué les viocs, et comme on n'a pas nos PlayStation, t'as pas une idée d'emmerde pour ambiancer un peu la fin de la croisière ?