jeudi 10 février 2022

Tous en file indienne ! ⛵️⛵️⛵️


L'arrivée au Marin est prévue dans 4 jours- dimanche 13 au soir et non 14 comme indiqué hier-  pour nous ; à partir du samedi 12 pour les premiers et tout le monde  commence à se préparer à l'atterrissage...
Ca a commencé hier et va s'amplifier cette nuit avec toute la partie est de la flotte qui a mis le clignotant à droite vers l'ouest pour venir aligner son dernier bord sur la pointe sud de la Martinique.
Cœur de Chauffe l'a fait ce matin en empannant.

Du coup, ça va être un peu comme les bouchons de retours de week-end dans les grandes agglomérations, Paris ou Casablanca, au hasard, et tout ce petit monde va se retrouver resserré à la queue leu leu sur un étroit ruban virtuel de navigation pour longer l'arc antillais vers le sud-ouest.


Après avoir occupé un front de 1000 miles de large il y a une semaine en travers de l'Atlantique nord, regroupement général sur une bande de 20 miles...
Allez comprendre quelque chose à la navigation à voile mon brave monsieur ou madame...

Petite tentative:
Le vent actuel est quasiment orienté en direction du Marin, donc évidemment la route directe paraîtrait la plus adaptée pour s'y rendre.
Jusque là tout le monde suit...
Et ben non !
Par vent arrière la plupart des bateaux possèdent un angle mort plus lent et aussi dangereux sous spi d'environ 15 degrés de chaque côté du vent donc 30 voire 40 degrés en tout.
 Il est donc paradoxalement plus rapide de faire des zig zag, une fois a droite, une fois à gauche plutôt que tout droit.
Pour passer d'un bord à l'autre, on procède à un empannage qui consiste à changer la route de 30 à 40 degrés, en faisant passer la grand voile et le spi d'un bord sur l'autre.
Ça a l'air simple mais par 25 noeuds de vent à faire le singe sur la plage avant pour décrocher et basculer le tangon de spi, avec de brefs instants les deux mains prises sur la manœuvre, des fois il manque une troisième main pour s'accrocher au bateau, chaud chaud... Et ça peut aussi se terminer en vrac, souvent avec un spi entouré autour de l'étai avant, on appelle cela un cocotier.
Et quand vous naviguez en solo, respect, la préparation et la réalisation de la manœuvre est particulièrement délicate et peut prendre plus d'une demi heure et surtout vous occuper d'eux heures quand ça dérape, pour finir épuisé devant sa table à carte en se demandant ce qu'on fout là...

Tout ça pour dire que demain une bonne partie de la flotte va effectuer cette manœuvre d'alignement et se regrouper sur le dernier bord et que certains pourront à nouveau naviguer à vue alors que depuis une semaine on aurait tendance à se croire seul sur l'eau, personne à l'horizon soit à 2/3 miles de distance.
Les positions seront alors établies pour l'essentiel et seuls des incidents de course ou des écarts de vitesse sensibles pourront changer la donne.
Par exemple, un spi qui rend l'âme après de trop nombreux départs au tas, ou un écart de vitesse lié au fait que le bateau à déjà perdu tout ses spis précédemment... Ce qui s'appelle ménager, ou pas, sa monture...
Une panne de pilote ou d'instruments électroniques peut aussi être des facteurs de moindre vitesse, équipage fatigué voire... Fâché ! Ne riez pas, ça arrive régulièrement, surtout en fin de parcours et se voit de suite au ponton.

Concernant Cœur de Chauffe, jusque là tout va bien et je n'insiste pas car les marins sont de grands superstitieux...
Certains sont même tenté d'y voir l'influence d'intervenants mystérieux éventuellement missionnés pour gérer à leur manière ce grand bazar qualifié de céleste...

Rendez vous demain même heure pour évaluer de façon plus fiable les positions en vue de l'arrivée et miser sur ceux qui seront encore en capacité de donner un dernier coup de reins pour le sprint final...

... Et alors que je rédige ces lignes, Cœur de Chauffe avance bon train dans une brise qui monte progressivement 26,28,30,31 noeuds.
A l'extérieur Nick, notre pilote NKE gère la situation de main de maître, ses mouvements de corrections se font plus rapides et secs avec l'augmentation de la vitesse qui ne descend plus au dessous des 10 noeuds, atteint les 12 noeuds constants...
Sortie précipitée dans le cockpit pour accompagner Nick au cas où.
La nervosité de Nick a réveillé Henri qui se lève et se prépare à intervenir au cas où.
Le phénomène d'accélération va durer environ 30 mn avant de disparaître comme il est arrivé.
Autour, quelques nuages, un grosse masse nuageuse à bâbord mais le phénomène semble plus large au vu des changements de trajectoires d'autres bateaux à 5 miles de là.
Quelques miles de gagnées sans dommages et sans nécessité d 'affaler car Cœur de Chauffe est toujours équipé de son "spi mobylette" tout terrain qui nous propulse sereinement depuis deux jours en encaissant, imperturbable, les fortes accélération soudaine du vent.
Sans lui nous aurions été obligé d'affaler ou peut-être abîmé un spi plus grand mais moins tolérant, ce qui nous aurait beaucoup ralenti dans les deux cas.
Donc trèèès bonne pioche ce petit spi "Figaro" qui ne paye pas de mine et aussi excellente décision de l'avoir testé et gardé dans ces conditions fluctuantes.

La nuit va encore être longue et peut réserver de nouvelles surprises mais décidément, oui, demain matin on y verra plus clair.

Loïc et Henri pour Coeur de Chauffe

Température de l'air: 24°C
Température de l'eau: 21°C
Distance au Marin : 811 miles

3 commentaires:

  1. Belle remontée dans la nuit, en grapillant quelques places !
    Bravo !

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  2. Bravo, cela sent l'arrivée. Vous êtes parfait. Encore un petit effort et vous êtes dans le top 10... Bon courage.
    JL

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