samedi 12 février 2022

La course continue ⛵🌬️🌊 🏄🏻‍♂️

Journée très compliquée hier dans les têtes.

La perte de notre super mobylette et les dégâts collatéraux sur le safran tribord nous a évidemment coupé dans notre bel élan et gros rythme très prometteur.
Le coup est rude et la déception est à la hauteur de la dynamique en place à ce moment là.
Petite fortune de mer car rien de grave et la course peut continuer.
La mer ne pardonne pas les erreurs, petites ou grandes, et la compétition en est juste un révélateur.
On s'en veut de n'avoir pas été à la hauteur alors que tout nous souriait.
Notre petite mobylette nous manque.
La découper au couteau pour pouvoir repartir a été un crève cœur.
Incroyable la façon dont on s'attache aux objets en fonction des émotions qu'ils nous ont procurées.
Cet événement permet de recaler les gyro, de faire appel à l'humilité et se reconcentrer sur les gestes de bases.
Très important et essentiel: l'équipage est resté soudé et l'erreur est assumée collectivement.
Chacun prend sa part, pas de reproche juste se parler pour avancer.

Accepter le verdict et passer à autre chose.

Le challenge le plus compliqué de la journée a été de gérer la frustration et trouver le moyen de repartir en course.

Renvoyer un spi par exemple.
Pas de problème avec la garde robe qui est bien fournie et a été bien préservée jusque là.
Choisir le moment.
Problème.
La journée d'hier a été un défilé ininterrompu de grains à 35 noeuds voir plus.
Euh... Comment vous dire...On y va, on n'y va pas?
Un coup oui, un coup non, et si ceci, si cela...
A un moment, il faut bien se lancer.
Une éclaircie, rien en vue ?
C'est parti !
On a choisi un vieux spi lourd refilé par Michel, un vieux copain qui l'avait ressorti de son garage pour le proposer à Henri.
Il a déjà fait la guerre avec Beroki, le bateau de vieux potes devenus célèbres dans notre blog lors de la Transat précédente de 2012.
Il a des cicatrices partout, des coutures sur le visage, c'est un survivant.
Michel et Arnaud étaient des fous furieux sur Beroki, leur garde robe à pris cher.
Allez voir les épisodes de la saison 1, vous allez bien vous marrer.

L'envoi par 20 noeuds se passe à merveille.
Ça y est, à nouveau en course.
A nouveau des sourires.
On file à 8/9 noeuds, 10/11 dans les surfs.
Pas de problème au safran tribord même s'il couine dur, on a mal pour lui.
Henri va se reposer, Loïc prend la barre avec Nick comme copilote.
Au loin des nuages se rapprochent.
Passent à côté où pas ?
Plutôt derrière et il a l'air sympa celui-là.
- Henri ? Vient voir ce que tu penses du nuage ?
- Humm... Ça devrait le faire, il a l'air cool...
Effectivement il passe à côté.
Mais non il est pas cool.
Pas cool du tout.
Du tout du tout.
Rapidement on passe à 30 nœuds.
Loïc déjà à la barre, Henri ressorti de sa bannette, au hâle-bas.
35 noeuds.
C'est reparti pour un tour de manège.
La houle se creuse et nous offre de magnifiques toboggans de descente dans lesquels Cœur de chauffe s'engouffre avec gourmandise.
Pourvu qu'il ne plante pas son nez comme hier...
38 noeuds.
Tout schuss, le speedo s'affole, 15, 16, 17... Après, je ne vois plus, trop concentré sur la conduite du bolide lancé à brides abattues...
Une descente vertigineuse se présente sous l'étrave de Cœur de Chauffe qui se lance dans le vide et nous avec... On sert les fesses et moi la barre aussi.
Sensation de glisse incroyable.
Cœur de Chauffe vole.
Et passe !
Aucun problème, équilibre parfait.
Ça dure 20 minutes avant que le vent repasse durablement sous les 30, noeuds.
On se regarde avec Henri, sourires jaunes en coin, pas fiers...
On se dit juste: bon sang, si on la raconte celle là, ils vont nous prendre pour de grands malades...
Bon, j'ai décidé seul de la raconter, j'espère que Henri ne m'en voudra pas...
Jamais simple de savoir jusqu'où on peut aller sans affoler ses proches.
En même temps, la prudence n'a jamais évité le danger...
Verdict des enregistrements de Sailgrib: Flashé à 21.8 noeuds, record Cœur de Chauffe pulvérisé, peut être celui du SunFast 3200 car jamais rien entendu de tel chiffre sur ce bateau...
Dommage, on n'a pas filmé...

Après ça, décision pour la nuit : grains, pas grains, qu'importe, on affale le spi et on tangonne le solent pour laisser refroidir la machine...

Effectivement, nuit sans grains certes mais 25/30 nœuds constants.
Cœur de Chauffe navigue à 8 noeuds, surf à 11.
Demain sera un autre jour.
Et dernière nuit en course.

Température de l'air: 25°C
Température de l'eau: 23°C
Distance au Marin: 413 miles
Latitude de la République Dominicaine

Loïc pour Henri et Cœur de Chauffe

2 commentaires:

  1. Bravo, une résilience continue et très appréciée, bonne continuation
    M.A.LAHLOU

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  2. Pas toujours facile de trouver les mots pour exprimer ses émotions, mais quelle belle démonstration de vie que celle que vous nous faites partager. Bravo et merci à vous.

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