mercredi 9 février 2022

Et si on parlait des solitaires ⛵️🧍‍♂️


Un petit mot sur la course des solitaires. 
Catégorie reine de la course car elle correspond à un vrai défi physique et mental pour ceux qui s'y attaquent. 
Pas d'équiper pour venir en aide quand on est dans le dur face aux éléments. 
Il faut faire face. 
Pas le choix. 
Pas de répit.
Peu de sommeil. 
Respect. 

18 concurrents encore en course dont 9 du groupe d'entraînement de La Rochelle. 
6 abandons pour casse matériel. 

Et 2 extra-terrestres de la course au large, tout 2 vainqueurs chacun de l'une des 2 dernières Transquadra. 
C'est leur première confrontation sur cette course. 
Qui tient ses promesses. 
Ils font partie des plus jeunes Quadra certes, mais incontestablement les plus doués, chacun dans un style très différent. 

Alex Ozon, issu de Royan et membre éminent du groupe de La Rochelle, a gagné la dernière épreuve de 2017 à sa première participation, avec son surprenant bateau rose, un be-bop qui lui collait à la peau et qu'il a su mener à la victoire malgré une avarie de safran en pulverisant le record de distance avec ses adversaires. 
Il court cette année avec le bateau de course le plus récent de Jeanneau le SunFast 3300 , le plus véloce de la flotte lorsqu'il est conduit par Alex. 
Alex est un vrai félin sur son bateau, il fait corps avec lui, toujours en mouvement. 
Maîtrise technique parfaite du geste et du matériel, l'électronique est son domaine et il rend de fiers service au groupe en mettant ses compétences au services des autres avec beaucoup de gentillesse et de simplicité. 
Pas froid aux yeux, il va chercher en permanence les limites de son bateau, à la manœuvre ou à la barre quitte à se faire peur régulièrement. 
Mais toujours en maîtrise et conscient de la limite qu'il va toucher délicatement avec une souplesse de chat. 
Tout en complicité avec son navire à qui il s'adresse comme un pote sans en attendre de réponse, ce qui lui va très bien. 
Physiquement et mentalement au top, véritable pile électrique indechargeable , zéro abus ou pas connus. 
Camarade de jeu agréable quoique très expressif, ambiancieur intarissable, ne comptez pas sur lui pour vous lâcher le crachoir, quand il le tient il le rend rarement... 

Pierrick Penven est un brestois de Brest même, la Bretagne humble et simple, discrète et dure au mal comme son granit, élevé dans une tradition maritime qui fait face à l'Atlantique déchaîné des dépressions d'hiver.
Brestois mais joyeux et ouvert aux autres et aux expériences originales.
D'ailleurs c'est un original, pur sucre. 
Quand Pierrick se pointe dans une course c'est un peu le gars qui débarque avec sa pramme de pêche parce qu'il a vu de la lumière et qu'il voudrait bien trouver des camarades de jeu pour aller faire le con sur l'eau avec les moyens du bord dans des conditions épouvantables. 
Très difficile de deviner le monstre de compétence et de maîtrise qui se cache derrière la gentillesse et l'authenticité de ce camarade de soirée toujours partant. 
Sous le regard malicieux apparaît le petit grin de folie d'un passionné de la mer qui est aussi chercheur océanographe, un côté petit prof curieux de tout qui passe très vite de la théorie à la pratique les mains dedans de chez dedans jusqu'au coude. 
Sa relation avec son bateau et à la navigation est très détachée de l'exploit sportif, tout en complicité solitaire avec son alter ego marin qu'il va embrasser sur la quille à chaque départ de course. Combine enfilée, plouf, bisous mon bateau, hiver, été, bretagne, madère, ni vu ni connu. 
Puissance physique et mentale tranquille, presque dissimulée comme pour tromper son monde, grand bonhomme, cool. 
Pierrick à gagné en 2014 sur son nouveau SunFast 3200 à l'époque avec lequel il recourt cette année, le bateau est un peu dépassé par les nouveautés des chantiers mais les deux se connaissent par cœur et ne lâcheront rien. 

Pour les derniers jours de course, je vous conseille de suivre ces deux là. 
Alex arrivera le premier en temps réel mais la gagne se joue en temps compensé avec un peu de calculs liés au rating des bateaux pour mettre les temps en équivalence de performance. 
Verdict dans un deuxième temps. 
Les retrouvailles des deux à l'arrivée sera intéressante et surtout émouvante. 
Très différents certes mais d'incroyables passion et talents communs à partager. 

mardi 8 février 2022

Ose osez Joséphine 📝


Dans l'open space de l'éther galactique déserté depuis l'apparition du télétravail en pleine conscience, deux esprits connectés:
- dis Edmond, j'ai deux uluberlus de la Transcarabistouille qui semblent prêts à toutes les bêtises pour se faire remarquer, leur rafio ressemble à une épave, il s'appelle Ose et au vu du CV des 2 lascars je crois effectivement qu'ils sont prêts à tout...
- OK Edgar, déjà repéré à la Rochelle, c'est  du lourd, très haut niveau, catégorie supérieure des grands fêlés, on tient des champions du monde, évidemment ils font partie des grands animateurs de la désormais célèbre Team Transcapout de la Rochelle qui semble attirer tous les grands malades des jeux idiots en mer...

Effectivement à quelques années lumières de là, sur la grande bleue de la planète du même nom, un singulier équipage  fait le bilan après 2 jours de navigation éprouvants:
- Ça y est Tangui, j'ai terminé le diag technique du bateau, je crois qu'on est tout près de de l'objectif, on a quasiment tout pété !
- Ah bon Éric, il reste quoi encore en état ?
- Le mât tient encore mais si on s'en occupe sérieusement je crois qu'il peut tomber d'ici l'arrivée.
- Ah non, pas le mât, ça peut nous servir pour arriver au Marin... Tu comprends, j'ai envie d'y être au Marin, moi les étapes dans les ports c'est mon point fort, j'adore ça, l'immersion dans la vie locale... Et puis le sponsor risque de pas être content si on a pété tout le bateau non ?
- ben... notre slogan c'était "Ose va tout péter" non ?
- euh...effectivement vu comme ça, sur un malentendu, ça peut passer...
- Mais t'as raison faut qu'on arrive au Marin et c'est vrai que j'avais été impressionné par ton CV de marin mais au port, t'es un as, mon frangin m'avait caché ça...
- oui, d'ailleurs faudrait dire à ton frangin de rajouter dans virtual Regatta une option "j'ai pété mon bateau", là on peut faire un carton... Et puis aussi l'option "arrivé au port je déchire", ça peut être bien niveau marketing pour attirer les jeunes sur les activités nautiques...
- ok je lui en parle, il va kiffer grave tes idées à la con...
- Sinon Eric, je trouve que côté tactique de course, on a été au top ! Géniale ton idée de se positionner juste entre Bluesky et Cœur de Chauffe, les deux cadors du routage et de la météo, ça aurait pu marcher si on n'avait pas tout pété...
- ouais et puis SailGrib c'est vraiment chouette, faut juste qu'Henri créé une option de polaire "quand on a tout pété" et aussi trouver le modèle météo qui te permette de tirer les bon bords à l'escale.
- Ah ouais, cool ça... Pfff (soupir), vivement qu'on arrive au Marin... Et que le mât ne nous tombe pas sur la tête !

Note de l'auteur: même si par le fruit d'un hasard incroyable, toute ressemblance avec des personnes ou des faits existants s'avérait évidentes, s'il vous plaît n'en parlez pas autour de vous, j'ai pas envie de prendre cher en arrivant au Marin

Changement d'ambiance🩳



Après une relative accalmie et un vent descendu à un gros 20 noeuds, la nuit de dimanche a permis de renvoyer un spi vers 3h du matin, histoire de relancer la machine et maintenir le rythme pour rester dans la course.
Nous choisissons par commodité et prudence notre plus petit spi dit "Figaro" car conçu pour les bateaux Bénéteau Monotypes de la course du même nom.
Ce spi fait environ 70 m2 à comparer aux 75 m2 du spi lourd et 80 m2 du spi médium.
Il est plus solide avec un tissu plus résistant, plus plat et moins grand ce qui en fait un spi "tout terrain" parfaitement adapté pour les vents au dessus de 25 noeuds de moyenne ou aux allures les plus près du vent.

Au lever du jour, le vent continuant de faiblir, nous le remplaçons par le médium plus adapté en dessous des 20 noeuds.

Le soleil est de retour, la température a pris 5 °C d'un coup dans la nuit et la mer s'est calmée, le bateau glisse sans à coup à 8 noeuds de moyenne.
Cirés enlevés, la navigation t-shirts, shorts et crocs au pieds change totalement l'ambiance à bord.
Les corps apprécient et les esprits savourent le moment.
Quelques grains nous dépassent sur bâbord, sans effet significatif sur notre vent, quelques changements de direction momentanés et de légères accélération.
Enfin, l'ambiance alizés que viennent chercher tous les concurrents sur cette course est là ! Elle s'est fait attendre une semaine mais c'est bon, elle nous tient et ne nous lâchera plus.
On arrose cela avec un premier apéro à l'extérieur dans le cockpit, puis salade composée faite maison et toujours fraîche grâce à notre petit frigo.
Petit café pour conclure, pris en terrasse, horizon et mer à 360, les 2 amis apprécient le moment et le chemin parcouru, la vie est belle !

Bon, comme on est en course, on jette un coup d'œil au classement qui est hélas décevant car nos principaux concurrents placés plus à l'ouest avancent plus vite.
Pourtant l'équipage a la conviction d'avoir bien fait avancer le bateau, sans perte de temps après une bonne relance dans la nuit.
Seule explication : le vent est plus fort sur notre ouest, ce que n'indiquent pas les fichiers météo pourtant, mais entre fichiers et réalité il y a souvent des écarts... Pas bon pour Cœur de Chauffe maintenant positionné le plus à l'est de la flotte...
Ça plombe un peu l'enthousiasme tout frais mais il reste une semaine dans les alizés, les conditions peuvent évoluer et les circonstances réserver de belles surprises pourquoi pas à notre avantage...

D'ailleurs le vent monte doucement et progressivement en début de de soirée.
La lune est enfin de retour, elle aussi on avait peur de ne plus la revoir...
Et la aussi ça change l'ambiance !
Après les nuits noires opaques et inquiétantes du début de course, enfin une belle nuit d'alizés avec une lumière de demi-lune qui nous offre un spectacle d'ombres magnifique: l'horizon est là, net et presque rassurant, les nuages se teintent de blancheur, les vagues et la houle nous accompagnent, belles et amicales, le ciel clair étoilé, majestueux, laisse imaginer sa profondeur infinie...

Un coup d'œil au répétiteur de vitesse m'indique que le vent continue de monter, 22, 24, 26,27... En spi médium et grand voile pleine ça devient chaud...
- Henri ? Ca monte.. changement de spi ?
- OK
On décide d'envoyer le petit Figaro car la réparation du lourd n'est pas terminée...
28, 30 noeuds avant affalage...
On se souvient de nos erreurs de cette dernière manœuvre dans des conditions similaires... Surtout, concentrés, on répète notre gamme pour effectuer la manœuvre parfaite...
Cette fois ci c'est bon, affalage réussi sans souci et spi Figaro envoyé 15 mn après.
La suite de la nuit nous apporte une bonne surprise: le vent se maintien quelques heures à une moyenne inattendue de 25 noeuds avec des pointes au dessus de 30 nœuds et Coeur de Chauffe file à vive allure, stable, calé sur des rails par sous petit spi tout terrain, plusieurs fois flashé à plus de 13 noeuds...
Reste à savoir ce que les autres sont arrivés à faire...
A suivre aux classements du matin.

Et décidément la vie est belle.

Température de l'air: 22°C
Température de l'eau: 19°C
Distance au Marin: 1200 miles

Loïc et Henri pour Cœur de Chauffe

lundi 7 février 2022

Passage de quart


 

Atelier couture 🪡🧵


 

Vivement les alizés ! 🌬


Journée à 30 nœuds de vent, pointe à 36, sous grand voile et Solent pour traverser la fameuse dépression L3 qui a perturbé notre transat des alizés depuis le départ et en a fait cauchemarder quelques uns, suivez mon regard...
Temps couvert puis forte pluie durant le passage du front qui dura un peu plus d'une heure.
On bat notre record de vitesse sur la course à 15,5 noeuds, sans spi pourtant, Loïc à la barre dans un surf vertigineux sans fin à 35 noeuds de vent, emmené par un joli creux de 4 mètres dans une mer formée.
Maintien d'un vent fort 25 à 30 nœuds après le front, ce qui nous incite à garder une configuration nuit prudente sous GV et Solent.

Atelier couture aussi pour réparer les bords de fuite du spi lourd après avoir reçu les conseils par mail de Xavier, réparateur de voile à la Rochelle, qui répond même le dimanche aux mails envoyés du fin fond de l'Atlantique.

Échanges de mails avec les amis de la flotte, chacun panse les plaies du bateau, petits ou gros bobos selon car la nuit dernière à été éprouvante pour tous et le matériel est soumis à rude épreuve.
Cœur de Chauffe s'en sort très bien pour l'instant.

La mer est dure, hachée, désordonnée et perturbée par la dépression, elle fatigue les organismes des marins reclus au sec dans leur 5 m2 à attendre que ça passe.
On a troqué une transat des alizés sous les tropiques pour une Fastnet l'été en Manche, beaucoup moins glamour, ça sent un peu l'entourloupe...

Beaucoup moins drôle donc pour l'instant mais ça devrait se terminer demain pour retrouver une ambiance tropiques plus fun avec soleil, troquer enfin et définitivement nos cirets pour des shorts, notamment la nuit, et bien profiter des douces glissades sur la longue houle des alizés enfin rétablis et ceci jusqu'à l'arrivée dans une semaine maintenant.

Température de l'air: 19°C
Température de l'eau: 18°C
Distance au Marin: 1404 miles

Loïc et Henri pour Coeur de Chauffe

dimanche 6 février 2022

On ne lâche rien

 Début de journée tristounet hier.

Notre vent plafonne à 15 noeuds et le compteur de vitesse de Cœur de Chauffe reste bloqué sous les 7 noeuds.
Chaque consultation de classement remue le couteau dans la plaie: la majorité de la flotte au nord a plus de vent et avance plus vite.
On ne peut que constater les dégâts, impuissants.
L'équipage ronge son frein en attendant le retour de la brise prévue dans la nuit et une journée de dimanche qui s'annonce agitée.
Cœur de Chauffe et son binôme de choc a souvent fait la différence dans la bonne brise.
Et sur ce coup, pépère et touriste sont remontés comme des pendules pour se réétalonner avec la concurrence dans des conditions un peu sportives.
La première nuit leur avait déjà donné de bons repères, reste à confirmer.

Ça vient plutôt que prévu dans l'après midi avec une montée régulière de zephyr, 18, 20, 22 noeuds sous spi médium, ça va mieux mais difficile encore de faire la différence dans ces conditions.
Remplacement du médium par un spi lourd avant la nuit pour anticiper une montée en puissance nocturne...
Qui vient dès la nuit tombée, 24, 26 noeuds...
C'est parti à nouveau pour des runs a 10-12 noeuds, pointe à 13 dans une mer peu formée.
À la barre où avec le pilote ça passe bien, le bateau est équilibré, quelques départs au tas maîtrisés sans difficultés y compris par le pilote qu'il faut aider de temps en temps. Autour et à l'arrière du bateau les gerbes d'écumes blanches témoignent de la vitesse malgré le manque de repères dans la nuit noire.
L'équipage décide de maintenir le rythme toute la nuit et la montée en cadence continue, 28, rafales a 30, 31...
Les départs au tas se multiplient, ça devient difficile à tenir.
Avant le petit matin et après 10 heures à ce rythme, décision prise de lever le pied en affalant le spi lourd.
Et là... Comment dire... excès de confiance ? fatigue de fin de nuit ?
L'équipage oublie les basiques des entraînements répétés toute l'année et se met à la faute comme une paire de débutants, laisse partir impuissant et désespéré son spi à l'eau qui fait immédiatement chalut, Coeur de Chauffe lancé à 12 noeuds pleine balle fait un demi tour frein à main retenu par la drisse en tête de mat, les 2 bras et les 2 écoutes...
Un vrai chantier dans la nuit par 32 noeuds de vent...
Le bateau arrêté net se met à la cape après l'empannage non contrôlé et passé le moment de sideration, les deux équipiers qui voient leur spi flotter entre deux eaux mettent toute l'énergie qu'il leur reste pour le remonter à bord durant 8 longues minutes de lutte au winch et à la force des bras et réussissent enfin à sauver in extremis le soldat spi lourd de la noyade.
Ouf !
Revenu dans le carré douillet autour du spi trempé mais apparemment intact, la séance de pliage met en évidence une rupture du nerf de chute qui vaudra une réparation à venir de quelques heures, rien de grave.
Et au cas où, reste un back-up.
Petite baisse de tension pour reprendre ses esprits avant de repartir sous grand voile et Solent à 30 noeuds de vent en moyenne, rafale à 35, une pointe à 37, cœur de Chauffe file à 9 noeuds de moyenne, mode safe.

Le verdict du classement de 6 heures est sans appel: Coeur de Chauffe réalise la 2eme plus forte moyenne de toute la flotte en 4 heures cette nuit là, pas mal pour un modèle parmi les plus petits et moins récents de la flotte, ça laisse le jeu ouvert pour la suite qui promet à nouveau de belles parties de surf sous alizés enfin revenus jusqu'à l'arrivée, prévue lundi prochain pour l'instant.

Ce dimanche, la température de l'air est de 22°C, celle de l'eau 18°C

Loïc et Henri pour Cœur de Chauffe