lundi 7 février 2022

Passage de quart


 

Atelier couture 🪡🧵


 

Vivement les alizés ! 🌬


Journée à 30 nœuds de vent, pointe à 36, sous grand voile et Solent pour traverser la fameuse dépression L3 qui a perturbé notre transat des alizés depuis le départ et en a fait cauchemarder quelques uns, suivez mon regard...
Temps couvert puis forte pluie durant le passage du front qui dura un peu plus d'une heure.
On bat notre record de vitesse sur la course à 15,5 noeuds, sans spi pourtant, Loïc à la barre dans un surf vertigineux sans fin à 35 noeuds de vent, emmené par un joli creux de 4 mètres dans une mer formée.
Maintien d'un vent fort 25 à 30 nœuds après le front, ce qui nous incite à garder une configuration nuit prudente sous GV et Solent.

Atelier couture aussi pour réparer les bords de fuite du spi lourd après avoir reçu les conseils par mail de Xavier, réparateur de voile à la Rochelle, qui répond même le dimanche aux mails envoyés du fin fond de l'Atlantique.

Échanges de mails avec les amis de la flotte, chacun panse les plaies du bateau, petits ou gros bobos selon car la nuit dernière à été éprouvante pour tous et le matériel est soumis à rude épreuve.
Cœur de Chauffe s'en sort très bien pour l'instant.

La mer est dure, hachée, désordonnée et perturbée par la dépression, elle fatigue les organismes des marins reclus au sec dans leur 5 m2 à attendre que ça passe.
On a troqué une transat des alizés sous les tropiques pour une Fastnet l'été en Manche, beaucoup moins glamour, ça sent un peu l'entourloupe...

Beaucoup moins drôle donc pour l'instant mais ça devrait se terminer demain pour retrouver une ambiance tropiques plus fun avec soleil, troquer enfin et définitivement nos cirets pour des shorts, notamment la nuit, et bien profiter des douces glissades sur la longue houle des alizés enfin rétablis et ceci jusqu'à l'arrivée dans une semaine maintenant.

Température de l'air: 19°C
Température de l'eau: 18°C
Distance au Marin: 1404 miles

Loïc et Henri pour Coeur de Chauffe

dimanche 6 février 2022

On ne lâche rien

 Début de journée tristounet hier.

Notre vent plafonne à 15 noeuds et le compteur de vitesse de Cœur de Chauffe reste bloqué sous les 7 noeuds.
Chaque consultation de classement remue le couteau dans la plaie: la majorité de la flotte au nord a plus de vent et avance plus vite.
On ne peut que constater les dégâts, impuissants.
L'équipage ronge son frein en attendant le retour de la brise prévue dans la nuit et une journée de dimanche qui s'annonce agitée.
Cœur de Chauffe et son binôme de choc a souvent fait la différence dans la bonne brise.
Et sur ce coup, pépère et touriste sont remontés comme des pendules pour se réétalonner avec la concurrence dans des conditions un peu sportives.
La première nuit leur avait déjà donné de bons repères, reste à confirmer.

Ça vient plutôt que prévu dans l'après midi avec une montée régulière de zephyr, 18, 20, 22 noeuds sous spi médium, ça va mieux mais difficile encore de faire la différence dans ces conditions.
Remplacement du médium par un spi lourd avant la nuit pour anticiper une montée en puissance nocturne...
Qui vient dès la nuit tombée, 24, 26 noeuds...
C'est parti à nouveau pour des runs a 10-12 noeuds, pointe à 13 dans une mer peu formée.
À la barre où avec le pilote ça passe bien, le bateau est équilibré, quelques départs au tas maîtrisés sans difficultés y compris par le pilote qu'il faut aider de temps en temps. Autour et à l'arrière du bateau les gerbes d'écumes blanches témoignent de la vitesse malgré le manque de repères dans la nuit noire.
L'équipage décide de maintenir le rythme toute la nuit et la montée en cadence continue, 28, rafales a 30, 31...
Les départs au tas se multiplient, ça devient difficile à tenir.
Avant le petit matin et après 10 heures à ce rythme, décision prise de lever le pied en affalant le spi lourd.
Et là... Comment dire... excès de confiance ? fatigue de fin de nuit ?
L'équipage oublie les basiques des entraînements répétés toute l'année et se met à la faute comme une paire de débutants, laisse partir impuissant et désespéré son spi à l'eau qui fait immédiatement chalut, Coeur de Chauffe lancé à 12 noeuds pleine balle fait un demi tour frein à main retenu par la drisse en tête de mat, les 2 bras et les 2 écoutes...
Un vrai chantier dans la nuit par 32 noeuds de vent...
Le bateau arrêté net se met à la cape après l'empannage non contrôlé et passé le moment de sideration, les deux équipiers qui voient leur spi flotter entre deux eaux mettent toute l'énergie qu'il leur reste pour le remonter à bord durant 8 longues minutes de lutte au winch et à la force des bras et réussissent enfin à sauver in extremis le soldat spi lourd de la noyade.
Ouf !
Revenu dans le carré douillet autour du spi trempé mais apparemment intact, la séance de pliage met en évidence une rupture du nerf de chute qui vaudra une réparation à venir de quelques heures, rien de grave.
Et au cas où, reste un back-up.
Petite baisse de tension pour reprendre ses esprits avant de repartir sous grand voile et Solent à 30 noeuds de vent en moyenne, rafale à 35, une pointe à 37, cœur de Chauffe file à 9 noeuds de moyenne, mode safe.

Le verdict du classement de 6 heures est sans appel: Coeur de Chauffe réalise la 2eme plus forte moyenne de toute la flotte en 4 heures cette nuit là, pas mal pour un modèle parmi les plus petits et moins récents de la flotte, ça laisse le jeu ouvert pour la suite qui promet à nouveau de belles parties de surf sous alizés enfin revenus jusqu'à l'arrivée, prévue lundi prochain pour l'instant.

Ce dimanche, la température de l'air est de 22°C, celle de l'eau 18°C

Loïc et Henri pour Cœur de Chauffe

Grand Open Space sidéral

 Dans le grand Open Space Sidéral ultra connecté, 2 esprits communiquent:

(pour les nouveaux venus, conseil: consulter les épisodes précédents du blog, ça commence en saison 1 de 2012 mais vous pouvez vous contenter de la saison 2 de  2021)

- hello Edmond, bien rentré dans ta galaxie ?
- salut Edgar, oui ça fait du bien, on va pouvoir se remettre de notre stage d'immersion sur terre, enfin... En mer !
- ouais, immersion c'est le mot, qu'est-ce qu'on a pris comme flotte dans la tronche et vomis nos trippes sur ce rafiot d'enfer en mer d'Iroise...
- c'est sûr, après ça, on a moins envie d'aller faire chier nos ouailles de l'Atlantique sur leur coques de noix.
- yep! Et t'as vu cette nouvelle organisation, transformation qu'ils disent, qu'ils nous ont pondu en notre absence?
- ah ben oui, ça va nous changer cette fusion entre notre ancien ministère du grand bazar céleste et celui de bonheur sur terre, du coup on rassemble bureau des prières et des punitions dans un seul bureau des efforts et du bien être. Il paraît que l'objectif c'est de laisser les humains se débrouiller avec leurs emmerdes pour qu'ils assument leurs conneries.
- Ah oui, ben et nous là-dedans ?
- on regarde et on compte les points et aussi on n'a plus le droit de leur coller des punitions, nouvelles méthodes, les temps changent...
- remarque, vu la tournure des évènements, j'ai l'impression qu'ils sont devenus totalement autonome pour se foutre dans le pétrin, non? Et le hasard, on a encore le droit de tripatouiller un peu le hasard?
- interdit aussi, on laisse faire les lois de la probabilité
- waouh, ben là on va bien se faire ch... dit donc... On sert a quoi alors ?
- on observe et on fait des rapports à la commission d'évaluation de la folie et du bonheur sur terre qui fait un rapport au grand patron qui... 
- ok bon ben au boulot... à propos de folie, j'ai à nouveau dans le viseur la bande de fadas bienheureux de la dernière fois qui nous a valu notre mise à l'épreuve en marin pêcheur d'Iroise.
- tu veux parler des allumés de la transcata sur leur engins de surf évolués qui coûtent un pognon de dingue ?
- oui et toujours le noyau dur des agités du bocal de la Rochelle, remontés comme des pendules
- quoi de neuf ?
- j'étudie un équipage un peu chelou qui appelle son bateau comme notre open space du boulot, Bluesky, deux grands gars dont un moustachu presque patibulaire qui a l'air d'être le chef et qui nous a bassinné pendant des nuits pour qu'on dévie la dépression L3, il cherchait un trou de souris sur l'eau et à trouvé un gros matou. 
Depuis qu'ils ont réussi à lui échapper, ils font les kékés. 
- ok, y a pas de mal, ils sont contents d'eux, rien de très chelou là-dedans ? 
- ben... le chef, il fait des trucs bizarres avec des caméras qu'il a installées sur son bateau, sous l'eau peut être pour voir les poissons et il en a rajouté récemment sur le pont du bateau et le deuxième gars qui a l'air sympa est pas au courant de tout apparament, y a un peu d'eau dans l'gaz... 


Quelques années lumière plus loin, océan Atlantique au sud des Açores, changement de quart entre Gérard et Jérome sur Bluesky:

Jérôme : Dis Gérard, je viens de découvrir par un drôle de hasard les nouvelles caméras installées dans le cockpit, celles sous la coque pour les algues, je comprends mais dans le cockpit... c'est pour un reportage sur les poissons volants ? 
Gérard : Bon Jérôme, te fâche pas, j'aurais du t'en parler avant c'est vrai mais ça fera des belles vidéos à montrer à nos familles amis et sponsors 
- Pas de problème, mais tu aurais pu m'en parler avant non ? 
- Oui j'aurais dû ... En même temps... Ça m'a permis de découvrir que t'étais pas vraiment à 100% sur la barre pendant tes quarts...
- Gérard ! T'as faits ça pour m'espionner ? 
- Ben... Tu comprends, tes stats d'efficacité à la barre relevée sur SailGrib lors de la première étape, bravo Henri, il est trop fort Henri, elles étaient un peu en retrait, alors j'ai voulu comprendre... 
- Quoi ? 
- Ben oui, et j'ai compris maintenant... 
- Compris quoi ? 
- Ben... Tu sais Jérôme, tes séances la nuit dans le cockpit le casque sur les oreilles où tu te prends pour John Travolta dans la fièvre du samedi soir, c'est chouette hein, t'as un vrai talent, mais c'est pas ce qu'on s'était dit de tenir la barre sans pilote 100% du temps... 
- Oui, ben parlons-en, regardes Henri, même pas peur, il laisse bien Loïc occuper ses quarts à pondre des histoires délirantes sur les copains, d'ailleurs ça risque d'être bientot notre tour... 
- OK Jérôme, quand même tu vas pas nous comparer avec pépère et touriste non ? Bon sang Jérôme, nous cette course nous on la veut, penses à nos sponsors ! 

Note de l'auteur: toute ressemblance avec des personnages et des faits existants n'est peut être pas tout à fait fortuite 

samedi 5 février 2022

Pari gagnant pour les nordistes 🎰

Le vent est revenu bien plus fort hier et cette nuit pour la majorité de la flotte positionnée sur l'option nord, contrairement à la flotte sud toujours un peu engluée.

Finalement moins de souci pour eux pour descendre de leur arbre que les sudistes pour se dégager des griffes du matou.

Journée molle encore donc hier pour Coeur de Chauffe dont l'option directe paraît de moins en moins payante au fur et à mesure que les positions se défont.
L'autoroute du nord ne s'est pas terminée en cul de sac et la nationale directe était en travaux.

Seule option pour permettre aux sudistes de se refaire la cerise : la journée de dimanche leur promet de plus gros airs a 25 noeuds sur leur chemin; à suivre si ça se confirme et alors il faudra tenir le rythme avec la bonne voile sans casser le matériel ou déchirer la garde robe...
La dernière semaine révèle les plus endurants, surtout si le rythme s'accélère.

Côté vie a bord, atelier cuisine hier pour Loïc pour utiliser les derniers produits encore frais.
Henri redécouvre les joies de la musique 🎶  en navigation et improvise un karaoké solitaire 🎤 🕺 sur ses playlists collector des années 80, ça fait vraiment plaisir à voir, un peu moins à entendre, oui pardon, je sais, c'est moche mais ses proches comprendront...
Aussi papotage par mail avec quelques amis concurrents de la Rochelle pour tuer le temps dans la molle.
Ça commence à brancher un peu pour la cavalcade finale, on sent les équipages à nouveau prêts à en découdre.
Les organismes sont reposés sans dette de sommeil, ça pourrait servir bientôt.
D'ailleurs nos amis de la Rochelle sur l'indien/même pas cap, Sunfast 3200 comme nous et partis sur l'option nord, sont prêts à déterrer la hache de guerre pour se payer le scalp des 3200 qui oseraient rester devant eux.
Coeur de Chauffe est prêt à prendre le rôle de la cavalerie, ça promet.
Ose menace de nous dénoncer à Juliette à qui Henri a promis d'être prudent si jamais on ne prend pas un ris rapidement.
JIB félicite Henri pour le côté addictif de SailGrib en comparant son logiciel de météo et routage à Mario Cart ou FIFA,  alors que Bluesky réclame une option "Grib avec vents".
Tous promettent de préparer les tipunchs en nous attendant a l'arrivée. 🍹

Un peu d'animation a venir sur le plan d'eau donc.

Loïc et Henri pour Coeur de Chauffe

vendredi 4 février 2022

Dernier long bord vers la Martinique 🏝

Nous sommes enfin sortis ce matin des griffes du gros matou qui nous a bien retenu dans sa pétole toute la journée d'hier.

Coeur de Chauffe s'est quasiment arrêté dans la matinée avant de repartir en fin d'après midi par 4 noeuds de vent avec notre Magic code 5, notre voile d'avant fétiche, toujours décisive dans les grandes occasions, trois heures de service avant de renvoyer le spi lorsque le vent a atteint les 8 noeuds.
Pas sûr qu'elle resserve d'ici l'arrivée.

Nous naviguons plein l'ouest avec un peu plus de 10 noeuds de vent avant d'empanner ce soir vers le sud-ouest pour un dernier bord de 10 jours et 1800 miles direct jusqu'à l'îlet Cabri au sud de la Martinique après environ 1000 miles parcourus en 6 jours.
(Voir carte  du parcours ci-dessous)













Le bilan de ce début de course très tactique car plein d'incertitudes sur le plan météo est plutôt positif pour Coeur de Chauffe, bien positionné pour la suite de la course, même s'il ne sera clair qu'au moment où la flotte nord et sud convergeront sur la même route après leur empannage vers le sud-ouest demain ou après demain.
(voir position de la flotte ci-dessous)













légende la signification de la couleur des bateaux
Rouge: Coeur de Chauffe
Bleu: Sunfast 3200, identiques à Coeur de Chauffe
Noir : bateau récents très rapides
Rose : grands bateau x, plus rapides
Verts: les autres

Prochaine situation  maintenant assez simple à gérer : le contournement par l'ouest mardi prochain de la dernière zone de molle créée par la 3 ème dépression sur la route vers la Martinique.

L'enjeu de ce dernier long bord de 1800 miles sera de bien faire marcher le bateau sous spi vent arrière 3/4 dans des vents autour de 20 noeuds avec 2 derniers jours de bonne brise avant l'arrivée, encore a confirmer, pour un finish en mode "warrior" plein gaz.
Bien gérer les changements de spi fonction des grains qui se présenteront dans la dernière moitié, déplacer les poids dans le bateau en fonction du vent, vers l'arrière quand ça monte, vers l'avant quand ça mollit.
A noter que les bateaux partis plus à l'ouest par le nord vont attaquer cette descente avec un vent légèrement plus fort et un meilleur angle, donc plus rapides.

L'équipage est reposé, petite toilette hier sur une mer d'huile, et le bateau est totalement opérationnel avec toute sa garde-robe pour les rushs à venir.

Une pensée pour nos camarades de jeu qui ont du abandonner la course pour avarie, 5 en tout après les conditions difficiles du début de course, et notamment 2 amis solos du groupe de La Rochelle, Stéphane pour une avarie de pilote, Bruno pour un problème électrique dû a ses batteries.
Cela nous rappelle à nouveau que la course au large est un sport mécanique ou le matériel est soumis à rude épreuve dans certaines conditions sévères telles que celles que nous avons traversées il y a quelques jours.

Bonne journée à tous

Loïc et Henri pour Coeur de Chauffe