La nuit en mer par ciel dégagé… unique et magique… moitié pour les éléments, l’océan, le vent, les nuages, moitié pour l’univers, les étoiles, la lune, l’éther infini… spectacle grand écran 360 pour vagabonder des origines à l’instant présent, sans spots ni projecteurs, juste en éclairageindirect qui suggère plus qu’il n’éblouit… ici le temps n’a plus de mesure, la confusion règne entre passé, présent, futur, mais tout est lié, chacun peut construire sa parenthèse imaginaire où et quand il le souhaite, l’embarras du choix, plus de limite, tout est possible…
« Loïc ? »
Henri me réveille, c’est l’heure de mon quart, je prends mon temps sans trainer, les consignes, mon gilet avec le harnais, la commande à distance et c’est parti pour trois heures de spectacle, méditation, musique ou écriture… avec un œil sur les instruments.
Je réalise combien depuis deux semaines notre petite vie à deux avec Henri
s’est progressivement calée, imbriquée, comment les petites habitudes et les détails du quotidien se sont installées, sans trop en avoir parlé, un peu naturellement et de manière évidente pour nous deux… pas toujours facile de se parler, la voix porte mal sur un bateau, mieux vaut trouver d’autres moyens pour se comprendre, des fois j’ai l’impression de devenir sourd… et à défaut, on se parle à soi-même, le risque de confusion et de malentendu nous guète, prêt à bondir et exploiter la moindre faiblesse de l’équipage… et bien… c’est encore raté ! Notre aventure va se terminer, et encore une fois, Henri et moi ne repartirons pas fâché ! Et ce quelques soient les montées d’adrénaline et les moments de tension vécus… ces quinze jours de promiscuité nous laisserons comme les autres fois, prêts à recommencer ensemble si jamais l’occasion se présentait… ça fait 30 ans que ça dure avec de longues périodes sans se voir … ..tain ! 30 ans !
Le projet initié il y a 3 ans prend fin et de belle manière : jamais nous n’aurions pensé aussi bien figurer dans cette TRANSQUADRA… intéressant de voir comment les choses se sont construites peu à peu, et avec le bateau qui est le 3ème membre de l’équipe : une bonne partie de la réussite est liée à la préparation amont du bateau et à l’élimination des « bugs » ou malfaçons et au cheminement progressif et collectif, à trois, qui conduit à compléter et finaliser l’équipement et la garde robe ; le résultat est là : à aucun moment ou presque,
Cœur de Chauffe ne nous a pris par surprise, ce qui n’était pas le cas il y a 2 ans lors de nos premières courses ; la confiance dans le bateau se construit avec le temps, elle est déterminante avant de partir et elle se voit sur le ponton : aucun travail de dernière minute non prévu avant le départ de Madère.
A contrario, dès les premières sorties et confirmé ensuite, nous nous sommes toujours félicités du choix du SUNFAST3200 : simple, fiabl
e, sans surprise et tellement plaisant et puissant dès que le temps se lève, ce qui est aussi notre terrain de jeu préféré ; si nous avons eu du mal à la pousser par petit temps, c’est surement aussi par manque de gout et d’envie de notre part…
Nous n’avons pas fait le compte des week-end et jours de vacances d’été passés loin de nos familles pendant ces trois ans : inutile de donner un bâton pour se faire battre, et puis d’autres les ont déjà fait : le débit va être long à rembourser et je crains qu’il y ait des intérêts… mais nous ne l’aurions jamais fait sans bon de sortie sincère et franc :
merci à nos épouses pour leur soutien et leur patience durant ces 3 ans, car cette aventure a des cotés exclusifs évidents !
D’où aussi la volonté de tout faire pour la partager avec elles et puis d’autres, famille, amis, collègues. La création du blog dans laquelle Henri s’est investi a été la première étape, superbe ! Ensuite il a fallu créer le contenu, articles, photos, vidéos et enfin l’idée de gérer cela en temps réel est venu à la suite de notre première grande course Pornic-Baiona-Pornic où, bon résultat et suspens aidant, nous avons commencé à envoyer nos récits en temps réel par mail : le catalyseur du déclenchement de ces récits temps réel fut Eléonore, par un mail envoyé le 2ème jour de course nous demandant d’accélérer la cadence… je ne connaissais pas Eléonore à l’époque, nous le fîmes par mail et satellite interposé et le plaisir déclenché par ces échanges a lancé la suite !
« Henri ? le vent tourne, il faut peut-être empanner, tu peux venir voir qu’on en discute ? »
« J’arrive ! »
La course a repris le dessus ; nous sommes à 70 miles de l’arrivée et la séquence d’approche de la Martinique par vent arrière rentre dans sa phase terminale, qu’il ne faut pas louper sous peine de rendre du temps aux concurrents ; la journée d’hier s’est bien passée après le gros coup de chaleur de la nuit et du petit matin : bon vent qu’il fallait pour notre spi lourd et un seul bord tout droit sans problème avec des bascules de vent qui nous profitent… le bureau des prières du grand bazar céleste a corrigé le tir… cette nuit nous avons repassé Night and Day, voir pour combien de temps mais c’est bon signe pour préserver la 7ème place et se motiver pour la 6ème… il va y avoir du suspens… l’adversaire est de taille puisqu’il s’agit du vainqueur de la première étape st-Nazaire-Madère… ce serait la cerise sur le gâteau ou plutôt l’apéricub avec le ti-punch, le gros sel sur la cote de bœuf… à suivre donc en direct du Marin cet après-midi, Eléonore est sur le pied de guerre, dans tous ses états pour vous transmettre l’info en temps réel !
Heure d’arrivée prévue au Marin : 13H TU-3 ou 17H Paris ou 14H RioA 4H TU-3, il fait 26.4°C
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Riri & Lolo (pour Coeur de Chauffe)
Reste 35 miles à parcourir.
